Pour croire

Pour croire, il faut oser
Oser prendre un chemin
Crevé de flaques, d'ornières
On continue car on espère
Au loin, elle avance vers nous
La lumière

Pour créer, il faut construire
Construire un monde imaginaire
Où son intelligence
N'est pas froide, artificielle
Vivre une émotion intense
Elle vous rejoint peut-être

Pour s'exprimer, il faut savoir
Savoir ne pas dire à tort à travers
Penser que l'on peut blesser
A tapoter sur un écran
Comme un automate
Pour vous plaire

Pour écrire, il faut chercher
Chercher sans relâche
Des pépites de mots
Des trésors éphémères
Ils brillent un peu
Pour que vous les donne le poète

Pour être en paix, il faut connaître
Connaître l'histoire et ses enfers
Seuls les hommes de bonne volonté
Défendent la paix
Pour éviter le chaos
D'un monde en guerre

Pour donner, il faut oublier
Oublier un peu soi-même
Un instant, un sourire
Et l'autre se reflète
Dans notre regard
En frère

Peinture Geoffrey Johnson

Créer des espaces libres

Créer des espaces libres
Loin d'une pensée unique
Des réseaux qui nous enclavent
Miroirs de l'inconscient 
Qui tonne, rage

Créer pour ton bien
Pour le mien
Chercher, découvrir
Comme un savant fou
Un vaccin qui sauve tout

Créer du bout des doigts
Une simple joie
Oublier quand on lit
Tous ses soucis
Pour un instant de vie

Créer loin de la nuit
Qui piétine tout
Nous envahit
Retrouver la paix
Loin des insomnies

Créer pour croire encore
Que ce monde ne courre pas
Qu'après ses guerres
Que le soleil cicatrice
Une terre poudrière






Sur ses épaules, des poussières

Sur ses épaules, des poussières
Dans ses bras, l’enfant prie
Autour, les gravats de l’enfer
Des êtres en sursis, à l’agonie

Il trébuche, court sans fin
Entre les sirènes, les cris
Il évite les bombes meurtrières
Pour sauver encore une vie

Ils se terrent dans les caves
Ils s’entassent sans bruit
Ils n’ont rien à manger, à boire
Et ne sortent que la nuit

Ni trêve ni couloir humanitaire
Pour ce pays, pour d’autres aussi
Un monde impuissant qui laisse faire
Ces guerres qui s’enlisent à l’infini

Si le pire qu’on annonce est à venir
Si cela continue inexorablement ainsi
Que ces modestes mots lui parviennent
Pour qu’il sauve encore des vies

 

 

La Ghouta. Photo Abdulmenan Eassa / AFP